CONTE


Sais-tu comment on attrape les fées dans ma région ? On repère sune source d'eau claire, on dépose à côté un soulier rempli de gros clous, et après s'être caché, on attend. Toutes les fées raffolent des souliers. C'est leur plaisir, même chaussées d'un seul, de folâtrer au milieu des fleurs. Seulement vois-tu, dans ce cas, il y a les clous (une fée est si étourdie !), et crac ! elle ne peut plus sortir son joli pied du soulier. Veux-tu essayer ? Ecoute d'abord cette histoire.

 

Il était une fois, il n'y a pas longtemps, un homme si paresseux qu'il se disait à chaque instant :
- Ah ! comme je serais heureux si quelque fée pouvait faire mon travail !

Or un jour, vois-tu, il entendit parler de ce piège. Il se rendit à une source, et voilà la fée prise. Et la voilà chez lui dans une cage. La fée bien sûr se désole. Le bonhomme lui dit :
- apprends-moi à faire mon travail sans effort et je te rendrai la liberté :
La fée accepta. En étendant la main, tout se faisait promptement, mais il ne la libérait pas ; il était trop heureux de bénéficier d'une aide efficace, et remettait toujours sa décision au lendemain. Aussi, de se voir prisonnière, la fée tomba malade, et bientôt elle souhaita mourir. Comme l'homme, soucieux de ne pas la perdre, manifestait bruyamment l'intention de la guérir, elle lui parla d'un remède miraculeux à aller prendre chez un lutin.
- Je ne connais qu'un remède, dit le lutin, c'est d'accomplir pour elle tout ce qu'elle te commandera !
L'homme d'abord refusa.


Seulement, comme il était paresseux et que le lutin lui jurait qu'il pourrait ensuite garder la fée toute sa vie, il accepta. Heureuse de cette résolution, la fée lui dit :
- Ah ! je crois bien que je serai rétablie dès demain !
Mais une semaine passa, puis une autre, et quoiqu'il fût toujours très attentif à ses désirs (Ô mon dieu comme elle était exigeante !), elle restait toujours aussi faible.
- Ecoute, lui dit-il un jour : quand je n'avais pas de fée, je me trouvais déjà accablé de travail. Or aujourd'hui c'est pire. Je préfère donc te ramener à la source. Peut-être là-bas guériras-tu !
Crois-moi maintenant si tu veux : comme il arrivait à la source, il vit plusieurs fées qui jouaient à la balle, mais aucune ne parut se soucier de lui. Lui-même n'en regarda aucune !


Il posa sa fée et partit. Et jamais plus, à ce qu'on raconte, on ne le vit traîner du côté d'une source... !


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