LES CONTES DE LA FÉE CAMILLE
 

LES CONTES

de la Fée Camille

(Chez les 3 Colombes)
      



Mathilde était bien seule

 

LA PETITE ARAIGNEE QUI VOULAIT TOUT, TOUT, TOUT

Comme toutes les araignées, Mathilde, comtesse de Pic assiette, était une grande tricoteuse. Avec ses fines pattes, elle savait, comme personne, tricoter de jolies et solides toiles, en une nuit à peine.
Les araignées aiment avoir plusieurs maisons, mais Mathilde était plus gourmande que les autres. Elle avait tendu sa toile un peu partout. Au dessus d'un noisetier, sur le grenier, dans la cuisine. Mais il lui fallait encore six, huit, douze maisons, et elle envisageait même de tricoter un château.
Dans sa toile principale, Mathilde Pic assiette rangeait ses victuailles : morceaux de feuilles d'automne, bouts de laine glanés sur les écharpes, brindilles chipées par terre, sans parler du stock de mouches et de moucherons qui s'étaient égarés dans son garde manger ! Mathilde en conservait dix, quinze, cinquante, ce qui était beaucoup trop pour un minuscule estomac d'araignée.
" Pourquoi lui faut il tant de choses ? " s'interrogeaient ses cousines les Faucheuses et les Mygales. Car la soif de Mathilde était sans fin !
Quand une de ses voisines rapportait chez elle une moitié de moucheron, elle en était verte de rage. D'ailleurs, dès qu'elle voyait quelque chose tournoyer dans l'air, elle tendait ses pattes pour l'attraper. Puis elle consignait ses trésors dans un grand livre dans lequel elle écrivait à l'encre transparente afin que personne ne puisse la lire !
Pourquoi Mathilde Pic assiette était-elle comme cela ? On ne savait pas. On savait seulement que ses parents avaient été aspirés par un torpédo super volume, un jour de nettoyage de printemps. On disait aussi qu'elle n'avait pas pleuré, pas crié. Elle était partie loin devant elle et elle avait commencé à enfermer des tas de choses inutiles dans sa toile.
De temps en temps, la comtesse de Pic assiette organisait des fêtes pour ses cousines les Mygales et les Faucheuses. Mais c'était uniquement pour recevoir des cadeaux. Elle apportait sur la table un tout petit tas de moucherons et de pucerons et raflait tous les cadeaux avec gourmandise.
Il ne lui fallut pas longtemps, à Mathilde, pour se retrouver toute seule. Qui aurait voulu fréquenter une telle petite araignée ?
Mathilde se sentait si triste qu'elle se mit à filer du noir. Ses toiles étaient sinistres.
Comme personne ne lui donnait d'amour et de gentillesse, elle eut encore plus besoin de mouches, moucherons, bouts de laine et brindilles. Elle commença même, la nuit, à chiper des babioles dans les toiles de ses voisines. Elle savait que c'était mal, mais c'était plus fort qu'elle. En fait elle voulait de l'amour, mais personne ne lui en donnait.
Pour la suite de l'histoire sache que, un jour de grande tristesse, Mathilde attrapa dans sa toile le conte de Mon chéri, un délicieux petit " araignon " aux yeux de velours. Lui-même fut ravi d'être volé : il ne savait pas quoi faire de ses pattes !
Nos deux amoureux eurent de nombreux bébés araignées et construisirent une toile à six étages… Mais pas pour y conserver des moucherons ! Pour y loger leurs bébés.
Mathilde, devenue toute heureuse, tricota des toiles rose bonbon et bleu layette. Elle distribua autour d'elle ses pucerons, moucherons, brindilles et fourmis. Elle déchira les pages de son grand livre, dans lequel elle avait inscrit tous ses trésors, et en fit des cocottes en papier pour tous ses petits enfants.
Elle aimait, et elle était aimée. Que demander de plus ?


Copyright La Fée Camille






J’espère que vous avez aimé cette histoire.
Je vous fais un énorme bisou à tous Votre fée Camille.

kit création les 3 Colombes
Copyright @ chez-nous.biz 2004-2007