Ma première sortie …
Ce
jour-là, ma maman avait mis un très grand soin à faire ma toilette et
Celle
de mes frères. Elle nous gâtait plus que d’habitude; elle avait à peine quitté
notre demeure pour prendre un peu de nourriture.
Le
soir venu, elle nous installa près d’elle, tout en rond, pour notre dodo. «
Bonsoir mes petits, dit-elle en léchant une larme qui mouillait sa patte. »
Cette
tristesse subite de maman me troublait. Sans doute était-elle fatiguée. Six
chatons à nourrir, c’est une grosse famille ! Mais le sommeil pesait lourd sur
mes paupières et m’empêchait de réfléchir.
Soudain,
la lumière se fit dans la pièce : un gros monsieur s’avança vers nous.
«
Oh ! Qu’elle est jolie, celle-là ! Si vous le permettez, c’est elle que je
prendrai. »
Et
le monsieur me souleva doucement et m’enveloppa dans une couverture de laine.
«
Au revoir, ma petite » dit bravement ma mère, sois bien sage.
Le
monsieur m’emporta dans une drôle de maison. La maison fit « broum,
Broum,
broum » et, croyez-le ou non, la maison partit. C’était une maison qui roule….
J’avais bien peur, il faut le dire. Toute petite dans ma couverture de laine, à
côté d’un gros monsieur et dans une maison qui roule, oh la la ! Enfin, la
maison s’arrêta et le monsieur me descendit avec mille précautions.
Maman,
regarde ce que j’ai apporté pour Alice. Je ne connaissais pas
Cette
sorte de maman moi; je ne connaissais que la mienne avec une jolie
Tête
décorée de moustaches et quatre pattes recouvertes d’un duvet soyeux.
«
Oh ! Le beau petit minou », dit la dame en me caressant. Comme il est mignon !
Peut-être aurait-il soif après un si long voyage; je vais lui offrir du lait.
Mais
que voulez-vous qu’un bébé fasse avec un bol de lait ? Tant
D’affection
me comblait; je me mis à ronronner et m’endormis aussitôt.
Quand
j’ouvris les yeux, une petite fille, rouge de bonheur, était là,
Inquiète
de mes moindres désirs.
Je
me mis à pleurer de toutes mes forces. La maman comprit et revint avec un tout
petit biberon qu’on aurait dit fait exprès pour moi. Que c’était bon ! Cela me
remit de mes émotions.
Je
me léchai un brin, me levai, fis le dos rond et m’étirai longuement pour lui
montrer comme j’étais jolie. « Une vraie petite boule de soie » S’écrie ma
nouvelle maîtresse. Vous croyez que je suis vaniteuse ! Non, non, non. Je suis
tout simplement coquette.
Et
Alice le comprit et me surnomma Coquette.
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