LES PETITS DIABLES D'HALLOWEEN
Six heures de l'après-midi, il commence à faire nuit.
Déjà de drôles de petites ombres biscornues se faufilent et envahissent la ruelle de mon quartier.
Comme je viens d'arriver dans ce petit quartier avec des jardins devant et derrière, donc une porte devant et derrière…..
" C'est l'horreur me dis-je, en accélérant le pas, car, en ce moment, aucune lumière dans la rue depuis 2 semaines. Changement de lampadaires, nous dit la mairie. Mais je pense qu'ils ont été soudoyés par ces petits monstres.
En fait, derrière les fenêtres, on me regarde avec un rire dans les yeux et les enfants me regardent comme une bête curieuse. Ils me tirent la langue, bien cachés derrière leurs déguisements, et me font des mimiques affreuses.
A la queue leu leu, les diables vont frapper aux portes et tirent les sonnettes. Vite on leur ouvre et on leur donne ce qu'ils veulent.
" Ouh ! Ouh ! " Crient-ils, en imitant le loup-garou.
De plus en plus chargés de leur butin, ils continuent. Il y en a même un à qui son grand père à fait une brouette, avec une citrouille horrible.
Je me permets de demander à ma voisine (je vous rappelle que je viens d'arriver, les cartons pas tous défaits) :
" Pardon, Madame Lamadou, pourquoi font-ils cela ? C'est horrible, pour les petits !
Avec son accent Provençal elle me dit
" Té, Nine, d'où tu viens pour ne pas connaître halloween ?
- Je viens du haut de la France. Par temps clair on voit l'Angleterre. Mais pas de diables !
- Mais ici, le 31 Octobre, c'est la fête d'Halloween. Et chez toi ils font quoi les petitounes ?
- Chez nous, c'est Saint Nicolas, accompagné du Père Fouettard, dans une carriole. Ils sont habillés somptueusement, avec des lanternes anciennes, ils parlent aux enfants et leurs donnent des bonbons (bien emballés, car, après, cela va dans les colis des pauvres familles) ! Le Père Fouettard menace les enfants de son énorme martinet qui clignotte et demande, avec sa grosse voix :
" Alors toi comme tu t'appelles ? Aurore, que fais tu dehors à cette heure ? L'aurore, c'est le matin ! As-tu été sage, as-tu bien travaillé à l'école ? Et Aurore montre son carnet, fière de ses bonnes notes, alors le Père Fouettard lui dit :
" Bon ! Ca va, cette année. On se revoit l'an prochain. Tiens ! Pour tes bonnes notes, voici une poupée ! Tu me la montres l'an prochain.
- Oui, Père Fouettard. "
Et voilà la carriole qui se remet en route pendant que Saint Nicolas, avec son grand bâton doré, des deux mains lance des carambars. Et après c'est la fête aux flambeaux, avec la musique municipale qui joue des airs anciens. Tout le monde est content, et ici il faut bien que cela se termine !
" Eh oui ! Nine ! Pendant que les enfants sont allés s'habiller (Et, entre nous, tu sais, il y a des mamans qui ont des doigts d or : tu verrais les beaux costumes !) "
Donc, pendant que les enfants se déguisent, les adultes bénévoles vont dans une petite place qui se trouve face à la maternelle. Par terre c'est des beaux mallons !
" Des quoi ?
- Des mallons ! Mais, ma ninette, il faut que tu sortes un peu le dimanche ! Des mallons, ce sont des grosses et solides pierres, bien lissées. Les enfants peuvent jouer sur cette place et les mamans attendent, assises sur un banc ! "
Pendant ce temps, les adultes, par-dessus une armature en fer, fabriquent la plus horrible des sorcières. Et quand arrivent les enfants avec leurs lumignons en forme de citrouille, le maire fait un petit discours - eh oui ! Il aime bien faire des discours. Même qu'il fait bien des fautes en parlant et qu'à l'école, ce n'était pas ça Mais enfin bon ! Donc à la fin de son discours il demande :
" Alors on lui fait quoi, à la sorcière, cette année ?
- On la brûle ! On la brûle ! "
Et, après avoir fait attendre les enfants, les avoir laissés s'égosiller, on voit arriver un énorme diable, avec une torche enflammée. Il demande :
" Par quel morceau on commence les enfants ? "
Là aussi, les petits crient de tout ce qui leur reste de souffle et le diable met le feu à la sorcière et les enfants chantent une chanson qu'ils ont tous appris, chacun dans son école, la même chanson. Puis, après, ils repartent tous se débarbouiller, avant d'être malades la nuit et le lendemain !
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les pompiers sont postés aux coins de la place, avec de grands seaux, et que rien de dangereux ne peut arriver. Car il y a une barrière entre la sorcière et les spectateurs !
" Alors, ma Nine, quelle fête tu préfères ? Celle de chez toi ou celle d'ici en Provence ?
- Oh, madame Lamadou, je ne sais pas. Là je vais manger et me coucher. Je vais réfléchir et vous le dire demain.
- Et vous, les enfants, qu'elle fête préférez vous ?
Bonne nuit !! "
Votre Fée Camille
